Qu’est-ce qu’un ulcère ?
Un ulcère gastrique se définit comme une destruction plus ou moins profonde de la muqueuse de l’estomac, appelée érosion. Il s’agit malheureusement d’un phénomène très fréquent chez les chevaux (près de 100% des chevaux de course et plus de 60% des chevaux de sport).
Mécanismes d’apparition des ulcères gastriques chez le cheval
L’estomac du cheval est constitué de deux parties bien distinctes :
Partie non glandulaire (partie supérieure) : de couleur rose pâle à blanc.
Partie glandulaire (partie inférieure) : de couleur rose foncé. Elle est appelée ainsi car c’est au niveau de cette partie de l’estomac que sont situées les glandes qui vont produire et sécréter en continu de l’acide chlorhydrique (nécessaire à la digestion des aliments), et du mucus (film protecteur de celle-ci).
La margo-plicatus, également bien visible, est la limite entre ces deux parties.
Le cheval étant un herbivore, il est fait pour manger en petites quantités 18 heures par jour. De ce fait, les aliments sont sensés arriver par petites quantités dans son estomac tout au long de la journée et de la nuit pour que celui-ci ne soit jamais vide ou plein.
Pour un cheval vivant au box par exemple, cela peut être différent. Comme je vous le disais dans l’article concernant le mode d’alimentation (https://massageequivibre.wixsite.com/website/post/comment-le-mode-d-alimentation-peut-causer-des-ulc%C3%A8res-du-stress-de-l-agressivit%C3%A9), si votre cheval a terminé sa dernière ration à 20h00, nous estimons donc qu’à minuit son estomac sera entièrement vide ! Pourtant il devra attendre le prochain nourrissage à 8h du matin. C’est alors qu’il recevra 5 litres de granulés + 5 kilos de foin dans son estomac tout rétracté du au manque de nourriture pendant aussi longtemps (inutile de vous dire à quel point votre cheval se sentira ballonné après avoir ingéré une telle quantité d’un coup).
Et c’est là que les ulcères peuvent se créer ! La quantité d’aliments étant trop importante, ceux-ci vont dépasser la margo-plicatus et se retrouver en contact avec la muqueuse non glandulaire qui est dépourvue de film protecteur. L’estomac va débuter la digestion de la nourriture en la brassant avec l’acide gastrique et celui-ci va attaquer la muqueuse (érosion voir même perforation).
Ce phénomène peut également se produire lorsque le cheval travaille avec l’estomac vide (ou encore une fois trop plein) car les mouvements vont favoriser l’agitation de l’acide gastrique dans l’estomac.
Quels sont les autres facteurs d’apparition ?
- La non-fragmentation des repas
- Une trop grosse quantité d’aliments d’un coup
- Une alimentation trop riche en céréales
- La prise d’anti inflammatoire car ils empêchent la production du film protecteur (c’est d’ailleurs pour cela que nous, les humains, nous avons régulièrement recourt à un protecteur gastrique pendant nos traitements anti-inflammatoire).
- Le stress
- Les parasites (larves de gastérophiles par exemple)
Comment diagnostiquer les ulcères ?
La gastroscopie (acte pratiqué par un vétérinaire) est le moyen le plus sûr pour déceler les ulcères gastriques. Aussi, certains signes peuvent vous alerter :
- Les bâillements à répétition en dehors d’un contexte de détente
- La sensibilité au garrot ou au passage de sangle ou au sanglage
- Tous les signes de la douleur : irritabilité, agressivité, etc, et particulièrement au moment des repas
- Les coliques ou diarrhées fréquentes
Les conseils :
Le fractionnement de la ration en plusieurs petits repas dans la journée est ainsi fondamental. De ce fait, l’estomac du cheval sera toujours rempli de manière à ce que la partie non glandulaire soit très peu exposée à l’acidité gastrique. Un filet à foin à petites mailles permet par exemple au cheval de grignoter toute la journée.
Le foin doit être distribué avant les granulés, afin de provoquer une salivation et la production de mucus.
La luzerne a un effet tampon très intéressant pour apaiser l’acidité.
L’avoine entière est à éviter.
La vie au pré est l’idéal, mais sinon il faut au moins des sorties quotidiennes au paddock. Le confinement au box est contre indiqué.
Il est important de ne pas exposer le cheval à des situations stressantes trop répétées et à un entraînement trop intense. Une petite ration de foin est recommandée avant l’exercice.
Une vermifugation régulière est recommandée, surtout en fin d’automne (saison des gastérophiles).
Enfin, il existe des protecteurs de la muqueuse qui peuvent également être administrés en prévention des récidives, par exemple avant et pendant une compétition ou lors d’un changement d’environnement.
En cas de doute, renseignez-vous auprès de votre vétérinaire.
Finalement, il suffit de respecter l’hygiène de vie « naturelle » du cheval ! Et si tout était si simple ?
Comments